mercredi 31 décembre 2008

La parole d'un Sage


Pierre Rabhi : "Qu'est-ce que vivre?"

Il ne faut pas s’accrocher aux alternatives en se disant qu’elles vont changer la société. La société changera quand la morale et l’éthique investiront notre réflexion. Chacun doit travailler en profondeur pour parvenir à un certain niveau de responsabilité et de conscience et surtout à cette dimension sacrée qui nous fait regarder la vie comme un don magnifique à préserver. Il s’agit d’un état d’une nature simple : J’appartiens au mystère de la vie et rien ne me sépare de rien. Je suis relié, conscient et heureux de l’être.

C’est là que se pose la question fondamentale : qu’est-ce que vivre ? Nous avons choisi la frénésie comme mode d’existence et nous inventons des machines pour nous la rendre supportable. Le temps-argent, le temps-production, le temps sportif où l’on est prêt à faire exploser son cœur et ses poumons pour un centième de seconde… tout cela est bien étrange. Tandis que nous nous battons avec le temps qui passe, celui qu’il faut gagner, nos véhicules, nos avions, nos ordinateurs nous font oublier que ce n’est pas le temps qui passe mais nous qui passons. Nos cadences cardiaques et respiratoires devraient nous rappeler à chaque seconde que nous sommes réglés sur le rythme de l’univers.

L’intelligence collective existe-t-elle vraiment ? Je l’ignore mais je tiens pour ma part à me relier sur ce qui me parait moins déterminé par la subjectivité et la peur, à savoir l’intelligence universelle. Cette intelligence qui ne semble pas chargée des tourments de l’humanité, cette intelligence qui régit à la fois le macrocosme et le microcosme et que je pressens dans la moindre petite graine de plante, comme dans les grands processus et manifestations de la vie. Face à l’immensité de ce mystère, j’ai tendance à croire que notre raison d’être est l’enchantement. La finalité humaine n’est pas de produire pour consommer, de consommer pour produire ou de tourner comme le rouage d’une machine infernale jusqu’à l’usure totale. C’est pourtant à cela que nous réduit cette stupide civilisation où l’argent prime sur tout mais ne peut offrir que le plaisir. Des milliards d’euros sont impuissants à nous donner la joie, ce bien immatériel que nous recherchons tous, consciemment ou non, car il représente le bien suprême, à savoir la pleine satisfaction d’exister.

Si nous arrivions à cet enchantement, nous créerions une symphonie et une vibration générales. Croyants ou non, bouddhistes, chrétiens, musulmans, juifs et autres, nous y trouverions tous notre compte et nous aurions aboli les clivages pour l’unité suprême à laquelle l’intelligence nous invite. Prétendre que l’on génère l’enchantement serait vaniteux. En revanche, il faut se mettre dans une attitude de réceptivité, recevoir les dons et les beautés de la vie avec humilité, gratitude et jubilation. Ne serait-ce pas là la plénitude de la vie ?

Tout est dit dans ce texte. Comment exprimer les choses mieux que ce sage?

samedi 20 décembre 2008

éloge de la pauvreté


L'oiseau est libre et vole vers le soleil couchant. Pourquoi vouloir le posséder? La terre est libre et n'appartient à personne. Pourquoi vouloir acheter un bout de terrain et y construire sa maison? Un site géographique est magnifique, aussitôt, il se trouve un promoteur ou un acheteur pour imaginer installer un complexe hôtelier ou une propriété privée.

Pourquoi vouloir posséder la terre? Dans la tombe, nous n'emportons rien. Tout ce que nous avons cru AVOIR nous échappe définitivement et du reste, avions-nous tant que cela besoin de posséder toutes ces choses?
Vouloir posséder alourdit l'homme. Son esprit n'est plus libre, il devient avide, soupçonneux, querelleur. L'être n'est pas dans l'avoir.
C'est tout bête et pourtant tout simple.
Nous serions bien plus heureux de ne rien avoir. Plus heureux et plus libres.
Alors, vivons certes au milieu des choses qui composent notre vie mais n'en soyons pas esclaves. Elles ne nous appartiennent pas, pas plus qu'elles ne doivent nous emprisonner.

lundi 15 décembre 2008



Il existe une relation intime très étroite (et pour cause!) entre soi et son corps. Tout ce qu'il donne, tous les échanges qui s'effectuent tout au long de la vie font que la relation est dynamique et non pas statique. Les rapports ne se bornent pas à une image dans le miroir, ils sont intériorisés, ressentis, spiritualisés. Vivre son corps, vivre avec son corps, vivre par son corps. C'est à la fois subtil et très intense. Le yoga est à ce sens une façon extraordinairement forte et dense de vivre cette relation au corps. Non pas un simple moyen de rester en forme mais bien une formidable aventure qui réunit l'être tout entier.
Vouloir « faire jeune » comme le montre la plupart des pubs pour les séniors ne m'intéresse absolument pas. Cela ne me parle pas dans la mesure où je me fiche complètement de savoir si je fais ou ne fais pas mon âge. Ce qui me parle, c'est cette merveilleuse communication qui s'établit entre mon corps vivant, ressentant, et l'esprit qui s'y intègre.
Communion est le mot juste.

jeudi 11 décembre 2008

"Sans nom"

(le jardin de nuit)

On dit que Dieu n'existe pas. Soit.

Mais de retour à quatre heure du matin du jardin, la beauté de cette nuit étoilée, la beauté de cette nature extraordinaire qui m'entoure me fait dire que la Création est absolument fabuleuse et l'homme est une créature qui a la faculté de pouvoir contempler.

Contempler le ciel constellé d'étoiles, se laisser absorber tout entier dans la beauté pure qui s'offre à ses yeux.



Alors, soit! Dieu (le dieu des hommes) n'existe pas, mais une question reste en suspend : "Ça" dans lequel je suis plongée, "Ça" est d'une force prodigieuse, d'une beauté transcendante qui me laisse pantoise. Le dieu des hommes est bien "petit", étroit et sans profondeur au regard de "Ça" qui me transporte.

Pourquoi a-t-il fallu que les religieux et les donneurs de leçon viennent tout gâcher...?! Car bien des hommes ont été bouleversés par cette Puissance à laquelle ils ne peuvent donner de nom.

Il n'y a pas de querelle, il n'y a pas de dogmes, il n'y a pas de guerres face à "Ça", c'est trop fort, trop beau. Il n'y a que le silence, l'harmonie dans la contemplation.

Et c'est absolument universel et sans nom.



(soir sur la mer)

mardi 2 décembre 2008

Novalis ou la vocation d'éternité



Qu'aurait-il exprimé, ce regard, s'il avait
Rencontré autre chose et non ce qu'il regarde?
On ne peut rien imaginer que ce qu'il voit
Ce moment immuable de l'éternité
Qui le comble de joie et l'emplit de fierté
Comme coule une lave en brûlant son chemin
Sur la pente apaisée et noble du volcan
Où pourtant l'incendie oublié fume encore
Comme un rêve pesant. Un monde qui regarde
Un monde, et qui lui parle, et qui est son ami.

Armel Guerne, Rhapsodie des fins dernières, 1977

Ce que Novalis a pu m'apporter et ce qu'il représente pour moi... je ne saurais le dire avec exacitude.
Je l'ai rencontré un jour, déjà lointain, et depuis, il n'a cessé d'accompagner ma vie, comme un ami, un confident qui sait si bien vous comprendre.
Dans la jeunesse, où l'âme se cherche, Novalis a ouvert une porte, montré un chemin qui ne s'est jamais refermé : “C'est vers l'intérieur que va le chemin mystérieux”
(Novalis, poète allemand du début du XIXè siècle, mort à l'âge de vingt-neuf ans, auteur de textes sublimes : Hymnes à la nuit - Disciples à Saïs - Henri d'Ofterdingen - Chants spirituels, entre autres.)