dimanche 30 novembre 2008

Lumen Dei


"Dieu existe, je l'ai rencontré"
Cette parole d'André Frossard, beaucoup de ceux qui se disent mystiques pourraient la dire concernant leur propre expérience. Pourtant, j'ai la conviction que ce n'est pas si simple.
Le mot Dieu a été utilisé de toutes les manières et ne signifie plus grand chose. Je préfère employer le terme de Puissance, ou Etre. Faire l'expérience de “Dieu” revient à constater qu'on se trouve brusquement face à quelque chose dont on ne peut rien dire. Parler de la “chose” en question se révèle alors difficile avec les mots habituels.
“ Il n'y a pas de mots pour décrire vraiment ce qui m'est arrivé. On peut s'en approcher, essayer d'expliquer, mais ce ne sera qu'un pâle reflet de la vérité. Est-ce que je peux dire comme André Frossard “J'ai rencontré Dieu”? Je n'en sais rien, ce que j'ai rencontré, ce qui m'est “tombé” dessus, n'a pas de nom, je ne peux pas le nommer.”
Une chose est certaine, c'est que nous ne sommes pas à la hauteur d'un tel phénomène. L'expérience de “Dieu” se résumerait, si nous voulons la mettre en mots, en une plongée, une chute vertigineuse dans un océan d'Amour d'une immensité véritablement infinie.
Pendant un temps indéterminé, la raison nous échappe, notre enveloppe corporelle nous échappe, nous devenons vecteur d'une Energie incommensurable, vecteur de cet Amour inouï qui nous fait douter de notre survie à cet instant précis. C'est exactement l'impression qui en est restée : le sentiment d'être saisie par une Puissance extraordinaire, qui nous fait prendre conscience d'une manière foudroyante de notre petitesse, nous ne nous en sentons pas dignes. “J'ai douté de ma capacité à recevoir un tel cadeau : Pourquoi moi? Rien ne peut le déterminer.”
L'acte est purement gratuit mais les conséquences sont irrémédiables pour le pauvre “ver de terre” que nous sommes. Le changement est radical et perdure. Ce que j'appelle le "petit moi” perd beaucoup de son arrogance, de son orgueil, de sa fatuité. A certains moments de lucidité mordante, on prend conscience de notre médiocrité, de notre opacité face à cette Lumière

dimanche 23 novembre 2008

Réflexion


La grande tentation du monde contemporain est celle de la désespérance que lui inspire une nature humaine imparfaite et mortelle. Cette tentation au sein de nos démocraties est celle d'une indifférence et d'un cynisme qui consistent à faire comme si la question du sens ne pouvait qu'être immolée sur l'autel de la recherche scientifique.
Le propos n'est ici de remettre en cause les religions et les croyances, quelles qu'elles soient. Elles ont toutes leur raison d'être et sont le soutien de tant de personnes que leur nécessité n'est pas à renier. Neanmoins, en référence à Graf Dürckheim, je dirai que la question de l'expérience mystique dépasse le cadre religieux, elle se situe au-delà. Les religions séparent les hommes mais l'expérience mystique les réunit. L'interprétation de cette expérience semble différente dans les diverses traditions religieuses. Mais nous devrions comprendre que ces différences qui caractérisent les traditions et les cultures sont en fait des façons d'interpréter la même expérience.

Au terme de foi, je préfère employer celui d'Espérance. La foi, dans le langage courant est beaucoup trop associée aux religions et dans le domaine de la mystique, les religions n'ont plus leur raison d'être puisque le sujet a rencontré l'origine de sa foi. Demeure alors en lui, une belle espérance qui est " un risque à courir" comme le disait Bernanos.
L'expérience mystique nous fait rencontrer “quelque chose” d'indéfinissable Qu'on l'appelle le Tout ou Dieu, les mots importent peu dans cette extraordinaire relation qui s'instaure entre l'homme et le Divin, en son centre le plus profond. Que ce soit un Dieu personnel ou un Grand Tout, l'expérience mystique est commune à tous les hommes parce que l'homme est homme. C'est l'interprétation de cette expérience qui est différente d'une culture à l'autre. Au plus profond de soi se trouve la perle inestimable. La vérité est que Celui qui est dualité est aussi Celui qui est non-dualité, tout comme la glace et l'eau. Il est dans l'univers entier, dans tous les modes d'être, dans toutes les formes. Tous les noms sont Ses noms, toutes les formes Ses formes, toutes les qualités, Ses qualités et tous les modes d'existence en vérité sont Lui.
Dans le silence du moi, s'éveille la voix de la profondeur. L'être se trouve alors plongé dans un état d'amour, une sensation d'union avec tout. Il se sent dans cet état d'amour, comme dans un état de lumière, de ce contact avec le Tout émane une profonde joie de vivre. Ce n'est pas dans le monde extérieur que se trouve la Plénitude, la transcendance représente le noyau de la personne.
Une personne qui vit une telle expérience rayonne littéralement de l'intérieur.
Il est paradoxal qu'on attribue à Dieu tous les malheurs dont nous sommes victimes. D'un côté, on nie la Personne (Dieu) qui serait l'Autre de la rencontre mais d'un autre côte, on n'hésite pas à Lui reporcher toutes les calamités qui peuvent survenir dans nos vies. Que de fois n'a-t-on pas entendu : “Pourquoi Dieu permet-il cela ?”
Avons-nous seulement envisagé que tous ces malheurs pouvaient non pas provenir de la Déité (ou le Tout) mais simplement du fait qu'étant des créatures vivantes, nous sommes donc fragiles et soumis à la dégénérescence, à la mort ? De plus, de la majorité de ces calamités, nous en sommes responsables en tant qu'être humains par nos comportements à risques... Il est remarquable que pour tous ceux qui ont vécu l'expérience du Divin, la Présence se manifeste non pas comme cause du malheur mais bien comme soutien inconditionnel et absolu dans le malheur. Dieu n'est qu'Amour, Amour, Amour et ne cherche pas le malheur pour ses créatures.
Nous recevons à notre naissance le formidable cadeau de la vie. Et on peut dire sans exagération que la rencontre avec le Divin est une nouvelle naissance, un éveil d'une conscience absolue qui appelle l'homme à s'accomplir. Accomplir sa vraie nature, devenir le Je suis du Christ. Le chemin conduit à l'homme universel, transparent à l'Etre.

samedi 15 novembre 2008

Intériorité



La Connaissance (et non le savoir) est en nous, nous baignons dedans mais nous ne savons pas toujours la voir. J'ai constaté tout au long de mes années de recherche, que je n'apprenais rien des autres qui ne soit déjà inscrit en moi. Il n'y a là aucune prétention, cela ne s'adresse pas au petit moi (à l'ego) mais bien parce que Cela est au plus profond de nous et Cela est universel.
Il arrive que parfois, des êtres se connectent plus profondément avec ce Centre et de cette relation nait le plus souvent une oeuvre d'art. Comme si l'Etre (ou je ne sais quoi) cherchait à se communiquer à travers nous d'une manière ou d'une autre. J'ai fouillé le monde de la peinture, j'ai creusé le domaine qui était le mien, j'ai connu l'écriture... Toujours, j'ai retrouvé cette formidable connexion avec le Tout, ou l'Un.
Certaines oeuvres d'art montrent avec éclat cette Présence, il ne faut pas chercher à les expliquer, simplement les recevoir comme elles sont, se laisser imprégner par elles, elles sont un chemin sacré vers l'Etre.
Le problème avec les religions et les religieux, c'est qu'ils s'empressent de recouvrir la Lumière de la chape pesante des dogmes et doctrines propres à chaque courant de spiritualité.

Trop souvent, nous ne fonctionnons que de notre "surface", confondant Savoir et Connaissance, Travail et Talent. Ce que je peux en dire, ce que je peux ressentir, c'est que notre petite personne ne peut à elle seule contenir la puissance de la Force. L'ego est bien trop étriqué pour exprimer tout ce qu'Elle a à communiquer. Je parle d'expérience, lorsque je me trouve en relation avec Elle, je deviens prolifique, mon être tout entier se met à Son service, tout s'efface pour laisser la place à Son expression. Or, il est manifeste que cela ne vient pas de "moi", c'est autre choses qui se donne à voir dont je ne suis que l'enveloppe.
C'est un peu comme si un formibable "magma" de cette Connaissance sourdait au plus profond de nous, nous reliant les uns les autres par la puissance de "lave" s'écoulant par les déchirures de nos êtres.